SERVICE DE STOMATOLOGIE
DE CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE
ET D’IMPLANTOLOGIE
Madame, Monsieur,
Vous êtes venus consulter pour un problème de réhabilitation
dentaire par prothèse. Lors de cette consultation et après avoir évoqué toutes les
possibilités de traitement, votre praticien, votre chirurgien et vous-même
avez, à priori, opté pour une prothèse sur implants dentaires. Un plan de
traitement a été arrêté et un devis,
précisant le montant des frais occasionnés par ce traitement, vous a été remis.
De manière à résumer ce qui a été dit ce jour là, nous nous
permettons de vous remettre ce document que vous voudrez bien lire
attentivement. Vous y retrouverez notamment, en fonction de votre propre cas
(édentation complète du maxillaire, de la mandibule, replacement de dent
unitaire ou d’un groupe de dents), les différentes possibilités de traitement
ainsi que leurs avantages et inconvénients relatifs. Y figurent également les
différentes étapes chirurgicales ainsi que les principaux risques (non
exhaustifs) du traitement.
Le but de ce document est de vous informer et de nous assurer que
vous avez bien compris les étapes, les objectifs et les risques de ce
traitement.
Si vous avez d'autres questions à nous poser, n'hésitez par à
reprendre contact pour que nous puissions y répondre.
A la fin de cette lecture et si vous estimez avoir été
suffisamment informé, nous vous invitons à nous retourner l'un des exemplaires
du document intitulé « consentement éclairé » joints à ce
courrier, daté et signé attestant ainsi que vous donnez votre consentement
éclairé à la mise en route du traitement.
Différents types d’édentation et moyens thérapeutiques
De nombreuses possibilités d'appareillage dentaire, s'adaptant à
presque toutes les situations sont actuellement possibles. La meilleure
solution pour votre cas personnel doit être discutée en fonction de nombreux
paramètres : possibilités locales (volume de la crête dentaire restante,
qualité de l'os sous-jacent, nombre et qualité des dents restantes…), degré
d'exigence du patient (confort, esthétique, prothèse fixe ou mobile…),
possibilités financières.
Ce n'est qu'au décours d'un bilan clinique et radiologique complet
et en discutant avec votre praticien et votre chirurgien, éventuellement en
prenant plusieurs avis, que la solution la plus adaptée à votre problème pourra
être définie.
Concernant toutes les solutions faisant appel à des implants
dentaires, il arrive chez certains patients que l'os disponible ne soit pas
suffisant pour assurer un bon ancrage des implants et leur ostéointégration.
Ceci est déterminé lors du bilan clinique et radiologique pré-implantaire. Si
vous êtes dans ce cas, votre praticien et votre chirurgien vous proposerons au
préalable une greffe osseuse pour augmenter le capital osseux local.
1.
Remplacement
de toutes les dents mandibulaires
Les patients dont la mandibule est totalement édentée sont pour le
praticien une situation clinique difficile à traiter. Une prothèse complète mandibulaire
peut être inconfortable et entraîner une résorption osseuse. Heureusement, l’art dentaire a évolué et offre
maintenant plusieurs options nouvelles aux patients. Chaque option a ses
avantages et ses inconvénients.
·
Option
1 La prothèse complète muco-portée (sans implant)
Une prothèse complète est faite d’une base en résine acrylique
porteuse de dents préfabriquées. Un avantage de ce traitement, classique, est
son faible coût, mais son résultat peut, chez certains patients, se dégrader.
En effet, la prothèse étant amovible, elle peut provoquer, chez certains
patients, une irritation de la gencive. Sa mobilité peut par ailleurs être à
l’origine d’une fonction peu efficace et d’une mastication difficile. Ceci peut
être encore aggravé par la résorption osseuse qui se poursuit sous la prothèse.
Il peut de ce fait être nécessaire de procéder à des retouches (rebasages)
et/ou d’avoir recours à des colles pour stabiliser la prothèse. Même si ces
problèmes ne surviennent pas chez tous les patients, il arrive malheureusement
parfois que ces retouches et ces artifices ne suffisent plus à stabiliser ces
prothèses conventionnelles.
D’autres options prothétiques sont alors possibles, permettant de
retrouver un confort d’appareillage satisfaisant. Certaines sont envisagées
ci-après.
·
Option
2 La prothèse adjointe supra-implantaire
Cette prothèse est très semblable à une prothèse complète
conventionnelle. La différence tient en ce qu’elle est retenue par au moins
deux implants ostéo-intégrés. Elle peut être retirée et replacée par le
patient. Elle est clipsée aux implants par des cavaliers ou des éléments de
rétention mécaniques (boutons-pression). L’efficacité masticatoire avec cette
prothèse est satisfaisante. Sa stabilité et sa rétention sont bonnes. Les implants
sont placés dans des zones sûres, en général, le secteur antérieur (symphyse
mandibulaire). Les réparations de la prothèse et le remplacement des cavaliers
peuvent s’avérer nécessaires. Si la résorption osseuse continue dans les
secteurs postérieurs, là où la prothèse repose sur les tissus mous, il est
possible de la ralentir avec des rebasages réguliers.
·
Option
3 Le bridge fixe implanto-porté
Si cette option est retenue, quatre à six implants sont placés
dans la mandibule, habituellement dans le secteur antérieur mais également,
lorsque la quantité d’os est suffisante, dans les secteurs latéraux. L’avantage
de cette option est que la prothèse est fixe. La mastication de la plupart des
aliments est plus efficace et ne pose pas de problème. La stabilité et la
rétention sont meilleures que celles des prothèses complètes conventionnelles
ou des prothèses adjointes supra radiculaires. L’inconvénient tient en la
nécessité d’un grand nombre d’implants. Ceci requiert donc plus de sites où la
quantité et la qualité d’os sont suffisantes pour la mise en place d’implants
et constitue également une solution plus coûteuse, tant au niveau des implants
que de la future prothèse. Il arrive que la conception de la prothèse fasse que
son entretien quotidien soit difficile. En général, le bridge implanto-porté
est plus difficile à entretenir autour des fixtures qu’une prothèse adjointe
supra-implantaire.
Comme les autres prothèses, le bridge et l’infrastructure
métallique peuvent casser, les vis se fracturer et se desserrer. Mais, il est
important de noter que cette option prothétique a montré, tout au long de ses
25 ans de service clinique, un taux de succès supérieur à 90 %.
2.
Remplacement
de toutes les dents maxillaires
Les patients auxquels il ne
reste aucune dent à l'arcade maxillaire sont souvent gênés par le manque
de confort de leur prothèse. Plusieurs nouvelles approches prothétiques nous
permettent de les aider. Les pages qui suivent traitent de ces problèmes et
comment les résoudre.
·
Option
1 La prothèse complète muco-portée
Une prothèse complète est une base, amovible, portant des dents en
résine acrylique ou en porcelaine. Elle est quelquefois instable et peut
basculer ou se déplacer lors de l'élocution. Pour certains patients, la
fonction est médiocrement restaurée, l'élocution difficile, la mastication
inefficace et la prothèse «ne tient pas» surtout lorsque des dents
mandibulaires naturelles persistent. De ce fait ces patients réclament souvent
le rebasage de leur prothèse. A l'extrême, les prothèses se fracturent et/ou ne
présentent plus aucune stabilité.
Il est important de noter que ces problèmes n'existent pas chez
tous les patients porteurs de prothèse complète. Il faut de plus savoir que ces
prothèses sont moins coûteuses que les autres et le traitement moins long. Les
recherches dentaires, cependant, vont continuellement dans le sens d'options de
remplacement des dents au résultat plus prévisible et plus confortable.
Certaines sont proposées ci-après.
·
Option
2 La prothèse adjointe supra-implantaire
La seconde option pour ces patients au maxillaire édenté est la
prothèse adjointe supra-implantaire. Elle est en tous points semblable à une
prothèse complète conventionnelle s'appuyant sur les gencives, mais repose sur
au moins quatre implants placés dans le maxillaire. Elle peut être retirée et
remise en place par le patient. Les implants sont reliés par une barre en métal
coulé sur laquelle vont venir se « clipser » des cavaliers qui
retiennent la prothèse. D’autres systèmes de connexion entre la prothèse et les
implants sont possibles tel le système de boutons-pression. L’avantage de ce type de prothèse adjointe
supra-implantaire est que la prothèse est amovible. De ce fait la barre et la
prothèse sont facilement accessibles à un nettoyage quotidien. Les implants
rendent la prothèse plus stable et plus rétentive. Ils améliorent l'efficacité
masticatoire. L'inconvénient de cette prothèse est que les vis des implants
peuvent se fracturer ou se desserrer et, parfois l’ancrage des implants dans
l’os peut se détériorer aboutissant à la perte des implants. La prothèse ou les
dents artificielles peuvent également se fracturer. Le traitement dure plus
longtemps que celui pour une prothèse muco-portée classique.
·
Option
3 Le bridge fixe implanto-porté
Le bridge fixe maxillaire est une autre option prothétique pour
ces patients au maxillaire totalement édenté. Il est porté par au moins cinq
implants, et est fixe (pas amovible). Il est soit en métal et résine acrylique
avec des dents préfabriquées (bridge type Brånemark), soit céramométallique
(bridge classique). L'avantage de cette solution prothétique est une meilleure
stabilité comparée à celle d'une prothèse complète conventionnelle ou parfois
même de certaines prothèses supra-implantaires. Le bridge est fixe mais peut
être démonté par le praticien. Il a été prouvé qu'il stabilisait le niveau
osseux dans le temps. L'inconvénient de cette technique est l'échec occasionnel
des implants, la fracture des vis, leur desserrage ou la fracture de la
prothèse. De plus, le patient peut avoir quelques difficultés à l'entretien
quotidien autour des fixtures de par la forme de contour de la prothèse aménagée
pour obtenir un bon résultat esthétique ou pour cacher certains composants métalliques.
Certains patients éprouvent de la difficulté à parler en raison du passage de
l'air sous la prothèse lors de la prononciation de certains mots. Cependant,
après une période d'adaptation et de retouches, l'élocution redevient normale.
Il arrive, rarement, que ces problèmes perdurent.
3.
Remplacement d'une dent manquante
(remplacement unitaire)
Le problème posé par la perte d'une dent est particulier. Les
patients, attentifs à leur aspect physique, envisagent de la remplacer, mais
l'évolution et le déplacement naturel des autres dents rend cette opération
particulièrement délicate. Si rien n'est fait, il y a un risque d'égression des
dents antagonistes (« déchaussement ») et d'une version
(« inclinaison ») des dents adjacentes dans l'espace laissé vacant.
Heureusement, plusieurs options prothétiques se présentent au
patient, parmi lesquelles il peut choisir. Ce sont le bridge conventionnel, le
bridge collé, la prothèse adjointe partielle ou la couronne implanto-portée.
Chaque option présente des avantages et des inconvénients que nous allons
détailler.
·
Option
1 Le bridge conventionnel
Les dents bordant l'édentement sont préparées et taillées. Un
bridge métallique ou céramométallique de trois éléments est alors scellé sur
ces dents piliers.
L’inconvénient de cette option est le risque de lésions carieuses
et d'atteinte pulpaire des dents piliers. Il existe également un risque pour
les tissus gingivaux et l'os péridentaire susceptibles de provoquer des
problèmes parodontaux. Les bridges peuvent toujours se desceller, voire se
fracturer. L'entretien quotidien de certains peut s'avérer difficile. Les
difficultés d'ordre esthétique ne sont pas négligeables car l'objectif à
atteindre est que ce bridge s'intègre aux autres dents, ce qui souvent est un
véritable défi. Un bridge ne peut s'envisager si la structure dentaire ou les
tissus de soutien sont inaptes à le supporter.
Ce traitement est cependant classique. Le coût et le résultat en
sont prévisibles. Un bridge remplace la dent absente, stabilise l'occlusion et
évite le déplacement des dents antagonistes.
·
Option
2 - Le bridge collé
Le bridge collé, en métal et en céramique, remplace la dent
absente. Il est collé sur les faces palatines des dents bordant l'édentement.
Comme un bridge conventionnel, un bridge collé est fixe : il ne peut être
déposé. Les préparations des dents piliers sont moins importantes que celles
des dents piliers des bridges conventionnels. Le bridge collé remplace la dent,
stabilise l'occlusion et évite l'égression des dents antagonistes.
Le traitement est très court mais présente, entre autres
inconvénients, un risque de décollement. Il y a aussi un risque de sensibilité
dentaire au niveau des piliers ou de fracture de la restauration. La durée
d'une telle prothèse est également variable. Il arrive que le métal soit
visible par transparence et compromette le résultat esthétique. Parfois, une
hygiène difficile à mettre en oeuvre est à l'origine d'une inflammation
gingivale.
Cette option est cependant le traitement de choix pour les jeunes
patients et certains praticiens la considèrent comme une prothèse transitoire
jusqu'à l'âge adulte. Alors, une prothèse plus définitive est envisagée.
·
Option
3 - La prothèse adjointe partielle
En métal et résine acrylique, une dent préfabriquée y est
attachée. L'inconvénient de cette prothèse est qu'elle met en danger les dents
voisines, avec le risque de caries au niveau des crochets de rétention de la
prothèse et de problèmes gingivaux. Certains patients ont du mal à s'habituer à
ce type de prothèse. Ils sont gênés pour parler ou mastiquer et reprochent à
cette prothèse son volume. Dans certains cas, il est nécessaire de couronner ou
de retoucher la morphologie des dents porteuses de crochets pour pouvoir
insérer et retirer la prothèse. Parfois, ces crochets sont visibles lorsque le
patient sourit. Si on reproche quelquefois à la prothèse adjointe partielle son
manque de confort, elle a cependant l'avantage d'être moins coûteuse, plus
rapide à fabriquer et de remplacer à la fois la dent absente et les tissus
gingivaux. De plus, elle est évolutive.
·
Option
4 - La couronne implanto-portée
La couronne implanto-portée est un élément prothétique remplaçant
une dent et fixé sur un implant. L’avantage de cette technique est qu'elle
exclut toute préparation ou modification des dents bordant l'édentement. Les
espaces interdentaires sont accessibles à l'hygiène. De récentes études ont
montré que la mise en place d'un implant s'accompagnait du maintien de l'os
environnant. Le praticien peut démonter la restauration pour la réparer ou la
modifier, si nécessaire.
Toutefois, les vis peuvent se desserrer, la restauration se
fracturer et l'implant se mobiliser. De plus, la couronne implanto-portée ne
remplace pas les tissus inter dentaires disparus et occasionnellement se
descelle ou se dévisse. Il faut noter, cependant, que des études cliniques
montrent que 90 % des implants mis en place depuis plus de 25 ans sont toujours
en fonction aujourd'hui (Brånemark). Des restaurations implanto-portées
unitaires, placées depuis 1984, présentent des taux de succès analogues.
4.
Replacement
d’un groupe de dents
Il s‘agit dans ce cas de la perte de plusieurs dents adjacentes.
Les solutions sont, comme dans le cas précédent, multiples, chacune présentant des
avantages et des inconvénients.
·
Option
1 Le bridge conventionnel
Comme dans le cas d’un remplacement unitaire, les dents bordant
l'édentement sont préparées et taillées. Un bridge métallique ou céramométallique
comportant le nombre d’éléments nécessaires est réalisé et scellé sur ces
piliers.
Les avantages et les inconvénients sont les mêmes que précédemment
(cf. chapitre précédent). Il faut cependant préciser que plus le pont est large
(grand nombre d’éléments), et plus les risques d’échecs (fracture du bridge,
lésions des dents piliers…) sont importants ceci étant lié aux contraintes
mécaniques importante supportées par la prothèse.
·
Option
2 La prothèse adjointe partielle
Comme dans le cas du remplacement d'une dent unitaire, cette
prothèse, en métal et/ou en résine acrylique, est mobile et est stabilisée en
prenant appui sur les dents voisines avec tous les risques et inconvénients que
cela comporte (cf. ci-dessus) : manque de confort, risque de détérioration des
dents saines adjacentes.
Elle représente cependant la solution la moins coûteuse.
·
Option
3 Le bridge implanto-porté
Le groupe de dents manquantes est remplacé par un bridge
céramométallique fixé sur plusieurs implants ostéo-intégrés. Le nombre
d'implants à mettre en place dépend bien évidemment du nombre de dents à
remplacer mais il n'est pas toujours indispensable de replacer chaque racine
manquante par un implant, un bridge de quatre dents pouvant par exemple être
stabilisé par trois implants.
L’avantage de cette technique est qu'elle respecte les dents
bordant l'édentement. Les études montrent que la mise en place des implants
permettait de préserver l'os environnant en raison de sa sollicitation
mécanique directe. Là encore, même si la prothèse est fixe, le praticien peut
la démonter pour la réparer ou la modifier, si nécessaire.
Les inconvénients principaux sont le coût du traitement (implants
et prothèse) plus élevé, le risque de perte d'un ou de plusieurs implants lors
de la mise en charge, la fracture du bridge.
Déroulement du traitement
La mise en place d’implants dentaires est un véritable geste
chirurgical (incision de la gencive, trépanation osseuse…) qui doit être
réalisé dans des conditions d’asepsie strictes.
La plupart de ces interventions sont parfaitement réalisables sous
anesthésie locale.
Quelque soit votre cas, la mise en place des implants (ou de
l’implant, en cas de remplacement dentaire unitaire) puis leur mise en charge
se déroulerons de la même manière, en
deux phases chirurgicales successives au minimum.
La première phase correspond à la mise en
place des implants dans l’os du (ou des ) maxillaire(s).
Avant cette mise en place, une étude réalisée par votre praticien
et votre chirurgien (radiographies, denta-scanner, réalisation de gouttières de
repérage et de guides chirurgicaux…) a permis de déterminer, en fonction de la
position de la future prothèse, la position optimale de l'implant.
À la première étape chirurgicale, l'implant est mis en place dans l’os.
Pour ce faire, la gencive est incisée et la crête alvéolaire est dénudée. Un
forage atraumatique de l’os est pratiqué puis l’implant est habituellement
vissé (plus rarement impacté) dans ce puits. Une vis de couverture est placée
sur l’implant et la gencive peut ensuite être recousue par dessus cette
vis.
Il est conseillé d’éviter de porter une prothèse pendant plusieurs
jours, voire deux semaines pour ne pas compliquer la cicatrisation des tissus
mous. Une prothèse provisoire peut ensuite être portée en veillant à ce qu’elle
ne prennent pas appui sur la vis de couverture sous peine d’irritation
gingivale voire d’échec de l’implant sous-jacent.
Une période de cicatrisation des tissus mous et de l'os d'au moins
4 mois pour la mandibule et de 6 mois
pour le maxillaire est alors nécessaire pour obtenir une bonne ostéointégration
de l’implant.
Au bout de ce délais, la seconde étape chirurgicale est réalisée.
La gencive est à nouveau incisée, l'implant est découvert et la
vis de couverture est remplacée par un pilier de cicatrisation provisoire qui
va traverser la gencive. Ce pilier provisoire, qui va rester en place environ 4
semaines, est destiné à favoriser la cicatrisation des tissus mous. Puis, un
pilier trans-gingival définitif est vissé sur l’implant et la réalisation de la
couronne est envisagée. Une empreinte est prise et la couronne est placée au
rendez-vous suivant.
Les retouches sont réalisées au cours des mois suivants. Une fois
que tous les réglages ont été effectués, que le patient et le praticien sont
satisfaits, il faut prévoir un programme de maintenance et de contrôles
périodiques.
Chez certains patients cependant, il se peut que le bilan clinique
et radiographique pré-implantaires aient mis en évidence un manque de tissus
osseux et un manque de gencive. Une augmentation (ou une reconstruction) de
crête doit donc être réalisée avant toute tentative de mise en place d’implant,
rajoutant une étape chirurgicale. Cette augmentation osseuse fait
habituellement appel à une greffe osseuse qui est fixée à l’os résiduel. La
greffe est généralement prélevée sur le patient lui-même (os autologue) soit au
niveau de la mandibule (région symphysaire ou branche montante), soit au niveau
de la voûte crânienne, soit encore au niveau de la crête iliaque en fonction de
la quantité et de la qualité d’os nécessaire.
Au niveau des secteurs molaires et prémolaires du maxillaire
supérieur, il est habituel de placer ce tissu osseux dans le bas fond du sinus
maxillaire, réalisant un « sinus-lift » (ou « comblement »
sinusien).
La greffe osseuse va progressivement s’intégrer en 4 à 6 mois à
l’os résiduel du site receveur. Ce n’est qu’au bout de ce délais que les
implants pourront être mise en place, selon les mêmes deux temps chirurgicaux
que nous venons de voir ci-dessus.
5.
Les risques de l'implantologie dentaire
La mise en place d’implants dentaires est une véritable
intervention chirurgicale et comporte de ce fait un certain nombre de risques,
certains étant spécifiques, d’autre étant communs à toutes les interventions
chirurgicales.
R i s q u e s c o m m u n s :
- Risque d’infection : La mis en place d’implants dentaire
s’accompagne d’une incision gingivale, d’une dénudation et d’une trépanation
de l’os. Il existe donc potentiellement
un risque de contamination de ces différentes structures anatomiques
(gingivite, ostéite…), d’autant qu’il est impossible d’obtenir une antisepsie
parfaite en milieu buccale.
Ce risque est rare et pour le minimiser encore un bain de bouche
antiseptique sera réalisé en préopératoire immédiat, suivi de la réalisation
d’un champ opératoire en salle d’opération puis d’une antibio-prophylaxie
post-opératoire. Par ailleurs les conditions d’asepsie et de stérilité du
personnel et du matériel utilisé sont les mêmes que celles qui prévalent dans
les blocs opératoires.
Il arrive que l'infection osseuse aboutisse à une destruction plus
ou moins massive de l'os. Dans ces cas, après le contrôle de l'infection, il se
peut qu'il soit nécessaire, avant de pouvoir remettre des implants, qu'une
greffe osseuse soit nécessaire.
- Risque d’hématome et/ou de saignement post-opératoire : La
gencive et l’os étant des structures vivantes, un saignement post-opératoire
est toujours possible, pouvant se manifester soit par un saignement extériorisé
en bouche (on « crache » du sang) soit par un hématome. Ce risque,
faible, est minimisé par une légère compression à l’aide d’une compresse
maintenue pendant le premier quart d’heure. En cas de saignement survenant
après votre retour à domicile, la structure de notre service fait que vous
pouvez à tout moment (24h/24) contacter l’un des médecins de garde du service
qui pourra vous renseigner et éventuellement vous ré-examiner en urgence si
nécessaire.
- Risques liés à l’anesthésie locale : Les risques principaux
sont la survenue d’un malaise vagal (baisse du rythme du cœur, sensation de
malaise imminent, perte de connaissance brève…) habituellement spontanément
régressif, d’une allergie au produit anesthésique (xylocaïne, lidocaïne…) qui,
bien que décrite dans la littérature, est exceptionnelle et habituellement
connue de la part de patients qui ont déjà bénéficiés de soins dentaires sous
anesthésie locale, un surdosage en anesthésique (toxicité cardiaque et
neurologique…) habituellement retrouvé en cas d’injection intra-vasculaire ce
qui est exceptionnel dans ce type de chirurgie. Quoiqu’il en soit, notre
service comporte des médecins anesthésistes sur place ainsi qu’un service de
réanimation chirurgicale jouxtant les blocs opératoire ce qui sécurise
grandement l’environnement .
Risques particuliers
- Risques liés à la présence d’obstacles anatomiques : Ces
obstacles sont principalement les cavités sinusiennes maxillaires au maxillaire
supérieur et le nerf dentaire inférieur au niveau de la mandibule. En cas de
hauteur d’os insuffisante ou d’un choix d’implants trop long, il est possible,
lors du forage ou lors du vissage (ou de l’impaction) de l’implant de pénétrer
dans ces deux structures.
La pénétration endo-sinusienne peut être parfaitement
asymptomatique. Il peut cependant parfois ss développer une irritation muqueuse
se traduisant par une sinusite et le plus souvent par la perte de l’implant
incriminé. A un stade plus grave, il peut persister après dépose de l’implant
une communication permanente entre le sinus et la cavité buccale (fistule
bucco-sinusienne) qui devra être traitée pour elle-même.
La pénétration dans le canal dentaire inférieur se manifeste
habituellement par des troubles persistant de la sensibilité d’une hémi-lèvre
inférieure (hypoesthésie, anesthésie) qui, malgré la dépose de l’implant,
peuvent être définitifs si le nerf a été très traumatisé.
La localisation de ces obstacles est connue des chirurgiens, mais
des variations anatomiques individuelles et des erreurs d’appréciation sont
toujours possibles.
- Allergie au titane : Bien qu’exceptionnelles, des allergies
au titane ont été décrites dans la littérature. Les implants dentaires sont
habituellement réalisés dans ce métal en raison de ses très bonnes propriétés
mécaniques, de son excellente bio-comptatibilité habituelle et de ses capacités
à s’ostéo-intégrer. L’allergie avérée au titane est donc une contre-indication
à la mis en place d’implants dentaires.
- Absence d’ostéointégration : Dans un certain nombre de cas
(4 à 6% des cas), l’implant ne se « soude » pas correctement à l’os
environnant au décours de la première étape chirurgicale. Il en résulte que cet
implant ne pourra pas être mis en charge et doit être considéré comme perdu.
Ceci se manifeste par l’apparition progressive d’un liséré claire autour de
l’implant visible sur les radiographies de contrôle et par une nette mobilité
de l’implant lors du deuxième temps chirurgical.
Il faut alors déposer l'implant ou les implants incriminés. Après
un délais de cicatrisation osseuse de quelques mois, il est possible de
remettre en place des implants dans les mêmes sites avec les mêmes chances de
succès que lors de la première intervention. Il se peut cependant que cette
complication retarde la réalisation de la prothèse définitive.
- Risques liés à la mise en charge des implants : Une fois
l'ostéointégration obtenue (en 4 à 6 mois), les implants sont mis en charge
c'est à dire qu'ils sont connectés à la prothèse au moyen des piliers
trans-gingivaux. Il est alors possible que, même parfaitement ostéo-intégrés,
les implants se mobilisent, ceci étant lié à une surcharge mécanique due soit à
une équilibration imparfaite de la prothèse soit à des disfonctionnements de
votre mastication : serrage excessif des dents (bruxisme, dyspraxies
masticatrices…), mauvaises habitudes alimentaires (aliments durs…). S'il est
habituel de constater, dans les années qui suivent la mise en charge des
implants, un certain degré de résorption osseuse autour du collet des implants
et qui est sans conséquence, une sollicitation mécanique excessive peut aboutir
à une lyse osseuse plus importante tout autour de l'implant, aboutissant à une
perte de celui-ci. Il est alors possible que la stabilité de la prothèse soit
compromise.
- Risques liés aux éventuelles greffes osseuses préalables : Si
l'os résiduel au niveau de vos maxillaires n'est pas suffisant, une greffe
osseuse doit être réalisée avant la mise en place des implants (cf. ci-dessus).
Certaines de ces interventions peuvent être réalisées sous
anesthésie locale (cf. risques ci-dessus), mais parfois, en cas de grosses
quantité d'os à mettre en place ou lors de certains types de prélèvements (os
iliaque, crâne) ou encore pour certaines localisations (sinus-lift), une
anesthésie générale est indispensable. Nous ne détaillerons pas les risques
spécifiques de ce mode d'anesthésie qui vous seront précisés par le médecin
anesthésiste lors de votre consultation pré-anesthésique, mais il faut que vous
sachiez que ces risques, heureusement rarissimes, peuvent aller jusqu'au décès…
En dehors des risques classiques d'infection et d'hématome au
niveau des sites donneurs, il existe des risques spécifiques liés au site de
prélèvement de la greffe.
Voûte crânienne : Habituellement seule la couche la plus externe de la voûte
crânienne est prélevée (table externe). Il arrive cependant que par endroit, du
fait d'amincissements localisés, le prélèvement soit bi-cortical avec
effraction intra-crânienne et exposition de la dure mère. Cette exposition est
habituellement totalement bénigne, aboutissant en quelques mois à une
cicatrisation osseuse. Des cas de plaie cérébrale, de méningite et de séquelles
neurologiques ont cependant été exceptionnellement rapportées dans la
littérature.
Crête iliaque :
Les complications les plus souvent rapportées sont des douleurs au niveau de la
hanche. Des cas de lésion de nerf sensitif de la cuisse sont possible,
aboutissant à une zone d'insensibilité de la racine de la cuisse.
Mandibule : Les
faibles quantités d'os prélevables à ce niveau font que ce site n'est utilisé
que lorsque de faibles quantités d'os sont nécessaires. Il est alors possible
d'endommager le nerf dentaire inférieur, aboutissant à une baisse de
sensibilité de la lèvre inférieure. De rares cas de fracture de la mandibule
ont été décrits.
Au niveau du site receveur des complications sont également
possibles : infection ou nécrose du greffon, résorption plus ou moins
importante de la greffe (plus importante avec l'os iliaque qu'avec les autres
types d'os). Dans ces cas, le résultat escompté risque de ne pas être atteint,
ce qui peut impliquer soit une nouvelle tentative de greffe, soit le
renoncement aux implants.
Ce "catalogue" des risques n'est évidemment pas
exhaustif. Il ne fait que rappeler les plus fréquents. Cette énumération n'est
pas non plus destiné à vous faire peur, la très grande majorité des
interventions se passant très bien, mais nous est imposée par la loi. Si vous
avez la moindre inquiétude, parlez-en à votre praticien ou à votre chirurgien
qui sauront vous ré-expliquer les risques qui se rapportent à votre cas
particulier.
Il est par ailleurs important de noter que, quelle que soit
l'option retenue, le succès post-opératoire dépend également d'un suivi
dentaire régulier. Qu'elles soient naturelles ou prothétiques, toutes les dents
ont besoin de soins, et l'hygiène quotidienne est indispensable au maintien
d'une santé dentaire optimale. Des contrôles et un suivi réguliers seront donc
nécessaires.
Si vous vous posez d'autres questions concernant le remplacement d'une
dent, prenez contact avec votre praticien.